• Chapitre II - Les Trois Rois

    Chapitre II :

    Les Trois Rois

     

    Il arrive toujours qu’un événement en particulier perturbe a jamais un conte et, accessoirement, le monde duquel il provient. Et c’est ce genre d’épisode qui se trouve être sur le point de changer à jamais le continent tout entier…

     

    En pleine nuit, l’expédition du Roi des Chasseurs, Aranok, est arrivée au port de Tanzia. Tandis que la population était en plein sommeil, déjà, les forces royales préparèrent les cérémonies de la célébration des découvertes effectuées par le Roi des Chasseurs lors de son voyage dans l’Autre Monde. C’est au petit matin, à l’aube, que la nouvelle de l’arrivée d’Aranok fut officialisée. Inutile de vous décrire la joie immense que fut celle des citadins, ils voyaient là un monde nouveau s’ouvrant à eux grâce aux histoires et trésors rapportés par Aranok. Il ne manquait plus que d’attendre que le Roi Ereth ne se réveille pour qu’il fixe le déroulement des événements festifs de la journée.

    En ce moment-même, chez Etoile, Xzelkur dormait encore à l’inverse de son Meilleur Rival qui avait visiblement eut plus de difficulté à trouver sommeil pour cette nuit…

    Mais prit par la panique, il réveilla le chasseur grognon. Ce dernier se leva avec une mine des plus affreuses et un étrange regard interrogateur pointé vers Etoile :

     

    -Ne me dit pas que tu stresses encore ? Demande Xzelkur à Etoile.

    -Aranok est arrivé cette nuit ! Le Bras Droit du Roi a officialisé son arrivée au peuple, maintenant, nous attendons le réveil de Sa Majesté pour savoir à quoi va ressembler la journée. Bien évidemment, tout le monde s’attend à une belle journée mais surtout pas à la plus grande armada de pirates fonçant droit vers nous avec la possibilité de raser le port en un simple claquement de doigt…

    -Tu es vraiment têtu, hein ? Je gère la situation, tout ce que tu as à faire, c’est de ne pas faire de connerie !

    -Donc ?

    -De ne rien faire.

    -Ben voyons !

     

    Xzelkur se leva enfin et se dirigea vers la sortie.

     

    -Euh… Tu vas où comme ça ?

    -Au bar !

    -Et… La situation présente que tu es censé gérer ?

    -Bah, oui, j’y vais !

    -Tu vas gérer la situation au bar ?

    -N’as-tu jamais compris que la solution la moins risquée pour gérer la pire des situations est justement de ne rien faire ?

    -Mes dieux, je suis en train de rêver…

    -Pas mon problème ! Je vais me prendre une bière !

     

    Perdu dans cette histoire délirante (du moins en son sens), Etoile prit la décision de se rendre immédiatement au Palais Royal pour voir comment se portait l’assemblée, sans vraiment savoir ce qu’il pouvait y apporter. Et donc, après une folle course à travers les rues joyeuses, le commandant affolé arriva enfin au Palais et bondit sur le premier Garde Impérial afin de lui poser mille et une questions incompréhensibles pour le pauvre soldat, le tout en le secouant. Se rendant compte de l’absurdité de son geste vu que les Gardes Impériaux étaient loin d’être les sources d’information les plus riches, Etoile lâcha l’homme et fondit à nouveau en direction de l’enceinte du Palais.

    Arrivé dans la Salle Principale en sueur et paniqué, il fut grandement étonné de voir à quel point tout était calme. Dans le palais, tout le monde parlait des prochaines festivités en l’honneur du retour d’Aranok. Or, dans l’esprit d’Etoile, un volcan entra en ébullition. Et malgré la tempête chaotique en lui, il prit la décision de rejoindre immédiatement Aranok lui-même. Il se précipita donc vers un domestique pour le guider à la chambre du Roi des Chasseurs. Après une traversée rapide de quelques longs couloirs, Etoile fut présenté à Aranok :

     

    -Etoile : Aranok, navré, mais je n’ai peu de temps à me présenter. J’ai une information urgente à vous transmettre, et je pense que vous saurez comment vous y prendre…

    -Aranok : J’entends bien. Mais globalement, qui êtes-vous ?

    -Etoile : Je suis Etoile, Commandant d’Elite de la Milice. Ecoutez, Tanzia est en danger !!

     

    Etoile se stoppa net dans son discours, il venait de se souvenir que le domestique était toujours là. Il se retourna et vit que le pauvre homme avait un étrange regard interrogatif. Conscient de sa bourde, le Commandant d’Elite pria le domestique de quitter les lieux :

     

    -Aranok : Je peux vous applaudir ?

    -Etoile : Si seulement on avait vraiment l’occasion de rire…

    -Aranok : Bon, pourquoi Tanzia serait en danger ?

    -Etoile : L’histoire va être chiante à expliquer. Mais en gros, le Roi des Océans a réuni son armada de pirates et fonce droit vers Tanzia.

    -Aranok : Malheureusement, cher ami, je crains que vous ne deviez m’expliquer l’histoire en détail. Car à ce point, je ne peux rien faire, je suis un chasseur, non un soldat !

    -Etoile : Pff…

    -Aranok : Et oui…

    -Etoile : Bon… Il y a quelques mois, un chasseur a vaincu un gigantesque monstre marin non répertorié officiellement par la Guilde. Or, ce chasseur était un ancien pirate recherché. Depuis cette chasse miraculeuse, la Milice l’a retrouvé et capturé. Mais lors de sa quête contre le Dragon Ancien marin, le chasseur aurait découvert deux artefacts étranges dans des ruines abyssales. Et fait étrange, il semblerait que le Roi des Pirates recherche ces artefacts. Pour quoi en faire ? Je l’ignore ! Mais ce qui est sûr, c’est que tous les pirates foncent droit vers Tanzia et peuvent arriver d’une minute à l’autre !

    -Aranok : Mmmmh… Je vois. Et où est donc ce chasseur ? En prison ou exécuté ?

    -Etoile : Il est au bar !

    -Aranok : Au bar ?

    -Etoile : Au bar !

    -Aranok : Mais je croyais que la milice l’avait capturé ?

    -Etoile : Oui, mais… Il s’est évadé…

    -Aranok : Putain… je ne pige rien du tout ! On parle d’un type qui s’évade de la prison pour aller boire un verre au bar pendant que le Roi des Pirates le cherche ? C’est ça ?

    -Etoile : En gros… Oui… Mais c’est un peu plus compliqué que cela…

    -Aranok : Bah voyons !

    -Etoile : Le chasseur attend le Roi des Pirates. Visiblement, il semblerait qu’ils se connaissent !

    -Aranok : Ah ! Bien, c’est déjà ça de gagner. Il suffit juste que l’on ne fasse pas de connerie !

    -Etoile : C’est aussi ce qu’il m’a conseillé de faire. Mais comment faire transmettre le message aux tourelles sur les côtes ?

    -Aranok : Ah oui, là c’est sûr qu’eux vont tirer à vue… Et retour de flamme de la part des pirates, Tanzia grillé… Attendez !! J’ai une idée ! Je vais tenir un discours en début d’après-midi pour faire part de mes découvertes lors de mon expédition, je peux y placer l’info. Je suis bon orateur, je saurais calmer les tensions si jamais la population se met à paniquer, tout ce qu’il y a à espérer, c’est que les pirates n’arrivent pas avant que je ne fasse mon discours.

    -Etoile : Vous êtes sûr de vous ?

    -Aranok : Pas du tout, mais nous n’avons aucun choix ni temps !

    -Etoile : Malheureusement… Bon, je compte sur vous !

    -Aranok : Ne vous en faites pas ! Tout ce qu’il y a à faire, ce sera de ne rien faire. Je pense que si la Royauté et la population ne sont pas si imbéciles, ils n’auraient pas de difficulté à cela. »

     

    C’est ainsi que se présentait à peu près le plan d’Aranok, Etoile avait conscience qu’il n’y avait pas d’autres choix que celui-ci. En effet, vu la notoriété publique qu’avait Aranok depuis son arrivée, il était le mieux placé pour transmettre un message à la population, même dans une situation critique comme celle-ci. Il n’y avait plus qu’à espérer que la Royauté suive le même chemin que celui du peuple, c’est-à-dire, le calme.

     

    Dans les heures qui suivirent, les gardes impériaux transmirent plusieurs ordres d’organisation à la population afin de mieux préparer le discours d’Aranok. Etoile se tenait en retrait et regardait silencieusement toute l’agitation autour de lui. La cérémonie devait commencer dans une heure. Mais…

     

    … Des flammes d’alerte surgirent des tourelles de la Vigie, sur la plage.

     

    Etoile écrasa sa main dans la figure… Le plan était tombé à l’eau.

     

    « Alerte !! Un mur de voiles noires fonce droit vers Tanzia ! Une armada de pirates s’apprête à prendre le port ! » Hurla la Vigie.

     

    L’alerte étant donnée, les gardes impériaux se précipitèrent vers la mer : Oui, une quarantaine de galions chargeait le port. La situation était catastrophique, les voiles noires trahissaient l’arrivée des pirates. Mais curieusement, le calme s’imposa dans tout le port. Les forces royales attendaient un ordre, tandis que la population attendait un éclaircissement de la situation. Il ne fallait qu’un ordre. Un seul ordre pour stabiliser ce silence ou faire rugir le feu. Et cet ordre, seul un homme hautement gradé, comme un Commandant d’Elite, pouvait le donner. Auprès d’Etoile, se tenait tout un régiment de soldats, mais, celui-ci ne les ayant pas vu à cause de sa tête dépitée et baissée, hurla un énorme : « PUTAIN ! Tout va tomber à l’eau ! Voilà que ça va chauffer… » que les soldats comprirent comme un « Repoussons-les ! La cérémonie ne doit pas tomber à l’eau ! »

     

    Et voilà que dans la foulée, les soldats accoururent de partout, autant pour escorter la population dans des lieux sûrs, que pour préparer l’armement de la bataille imminente. Etoile se rendit petit à petit compte de sa fulgurante erreur. Visiblement, il était le seul Commandant d’Elite en ville qui pouvait donner des ordres, les autres assurant sûrement la protection du Roi et d’Aranok. Malheureusement, il ne put réparer sa faute, car les autres Commandants d’Elite arrivèrent en pleine confusion dans les rues du port afin de tenter de gérer la situation tant bien que mal…

     

    Puis, tout s’enchaina très rapidement. Le mur de voiles noires ne freinait pas et fonçait droit vers l’entrée du port, entre les deux digues. Mais la Marine ne l’entendait pas ainsi ! Etoile avait un régiment à ses ordres, et n’ayant pas d’autres choix que de suivre les mouvements effrénés des autres Commandants d’Elite, il ordonna à ses hommes de le suivre sur la digue droite, au pied du phare, le tout en ne faisant surtout pas feu sur l’ennemi. Un peu plus loin, le Haut Général ordonna de bloquer l’entrée du port avec leurs trois galions qu’ils avaient à disposition. Etoile, voyant que les soldats s’agitaient sur les trois galions, compris rapidement l’ordre de son Haut Général et craignit le pire. Bloquer l’accès du port aux pirates n’était pas une bonne idée. Sur les galions impériaux, les équipages s’exécutèrent à leurs postes rapidement et efficacement. Si bien que les trois navires commencèrent déjà à se déplacer en direction du mur de voiles noires. Au Palais Royale, Aranok fut convoqué d’urgence par le Bon Roi Ereth. Le Roi des Chasseurs, ne comprenant pas cette demande soudaine du sa Majesté malgré la situation critique, se rendit tout de même vers le Roi :

     

    -Roi Ereth : Aranok ! J’ai à te parler de quelque chose de primordial !

    -Aranok : Moi aussi, Majesté ! Je demande à être seul face à vous, pouvez-vous disposer de vos gardes ?

    -Roi Ereth : Oh que non, cher ami ! Je crois que cela soit impossible !

     

    Derrière lui, Aranok entendit les trois gardes impériaux dégainer leurs armes :

     

    -Aranok : Bien, cela confirme tout !

    -Roi Ereth : Vu la situation –que vous avez sûrement déclenchée- je vais être très claire avec vous, Aranok, et vous avez intérêt à me répondre rapidement !

    -Aranok : Je ne crois pas, Majesté !

    -Roi Ereth : Qu’avez-vous découvert sur l’Autre Monde ?

    -Aranok : Bien plus qu’un trésor, ça, je peux vous l’assurer !

    -Roi Ereth : Je vois… Dans ce cas, je vous prierais de m’excuser mais, comprenez que je ne veux aucun différent pouvant tâcher ma souveraineté !

    -Aranok : Les grandes puissances ont les chutes les plus douloureuses, Majesté ! Cela m’ennuie déjà pour vous, mais rien ne se terminera aujourd’hui !

    -Roi Ereth : Je n’en suis pas si sûr, très cher !

     

    Pour faire simple, à ce moment-là, une fracassante détonation fendit une partie du Palais Impérial qui se brisa sous un vacarme assourdissant. Des hurlements stridents s’en suivirent et la panique s’installa des plus belles au sein du Palais. Aranok avait reconnu le navire qui avait tiré ce puissant boulet de canon, il ne pouvait se tromper :

     

    -Aranok : Arvantura…

    -Roi Ereth : Oh… Seigneur… Qu’avez-vous dit ?

    -Aranok : Arvantura ! Imbécile, nous continuerons notre règlement de compte plus tard, la situation est gravissime ! Le Roi des Pirates est venu en personne sur son propre navire, le légendaire Arvantura !

    -Un garde : Oh… Non… Mes dieux, j’ai déjà entendu des histoires sur ce navire… On dit qu’à chaque fois qu’il crache des flammes, il laisse un cimetière de navires derrière lui… Tanzia est perdu !!

    -Roi Ereth : Aranok… Ce que vous avez découvert sur l’Autre Monde n’a rien à faire sur ce continent… Vous avez amené la mort sur nous… Il y a des secrets qui devraient rester cachés…

    -Aranok : Oh, croyez-moi, Votre Altesse ! Les secrets que j’apporte du Nouveau Monde sont bien plus pires que la mort elle-même… Et les pirates n’en sont que son prélude !

    -Roi Ereth : On se reverra, Aranok !

     

    Le Roi se retira avec une poignée de ses gardes. Il semblait vraiment craindre quelque chose, l’idée que le Roi des Pirates en personne avait attaqué avec son terrible navire légendaire sur son propre Palais le terrifia grandement. Oui, mes amis, vous avez sans doute des difficultés à comprendre ce curieux comportement, mais rassurez-vous, on y reviendra plus tard, bien que vous en saviez déjà une grande partie, oui oui, jetez un coup d’œil sur la Saga du Tigrex Noir ! Mais bon, revenons au port même de Tanzia.

     

    Les trois galions impériaux défendant la digue furent la cible des tirs du Mur de Voiles Noires, et comme trois galions étaient loin de faire le poids face à une armada d’une quarantaine de navires, ils furent terriblement fragilisés par la puissance de feu ennemie. Cela permit à l’armada de foncer droit sur le malheureux blocus, et, pleines voiles, les cinq premiers navires de pirates coupèrent et pulvérisèrent les trois galions impériaux qui basculèrent sur les digues, le tout sous un chaos sonore effroyable. Les galions pirates étaient des navires de guerre incroyablement massifs et puissants. Les trois galions impériaux ne pouvaient rien faire, et se retrouvent désormais poussés à l’intérieur du port par l’armada écrasante aux voiles noires.

     

    Avec cette attaque éclaire particulièrement efficace et redoutable, les pirates prouvèrent que lutter contre eux était vain. A présent, le navire du Roi des Pirates, toujours en première ligne, fonçait encore à l’intérieur du port droit vers les quais. Les navires des pirates avaient désormais les canons pointés partout sur le port, encore un faux pas, et tout partait en fumée. Etoile et ses hommes étaient encore sur la digue afin d’aider les gardes impériaux à remonter des eaux, les galions avaient été broyés et commençaient à couler dans les profondeurs. Mais déjà, les pirates accostèrent les quais et s’emparèrent des rues du port.

     

    Dans la bibliothèque, des pirates surgirent en faisait un bazar innommable, faisant tomber les rayons de livres, poussant les malheureux citoyens, et chantant à haute voix des chansons peu recommandables pour les enfants (qui étaient, accessoirement, présents…). Témoin de cette folle zizanie qui ruinait sa bibliothèque, le Professeur Felyne se précipita vers les hommes sans gêne en hurlant de toute sa voix de chat :

     

    -Professeur Felyne : Cessez cela ! Misérables !

    -Un pirate : Oh, ferme ton clapé, petit chat ! Et donne-nous bières, rhum et vin !

    -Professeur Felyne : Bien sûr, de l’alcool dans une bibliothèque !

    -Un autre pirate : N’ose pas jouer à ce petit jeu avec nous, petit félin ! Et donne-nous ce que l’on te demande !

    -Encore un autre pirate : J’ai l’impression que ça peut brûler rapidement, ici !

    -Professeur Felyne : Evidemment puisqu’il n’y a que des livres !!

    -Un pirate : Allez, file-nous les fûts où on finira par cuire des saucisses, ici !

    -Professeur Felyne : Mais regardez autour de vous, voyons ! Les gens sont terrorisés ! Et vous n’êtes pas dans un bar !!

    -Un pirate : Petit chat, tu veux goûter à la colère de l’Arvantura ?

    -Arvantura ? S’exclama un jeune demoiselle, qui semblait ne pas vraiment avoir eu vent de la situation actuelle.

    -Un pirate : Et oui, fillette ! Arvantura est déjà sur le quai de ton port, et si personne ne coopère, ses flammes dévoreront bientôt les toits de vos maisons !

    -Guilda : Oh, mais c’est parfait !! J’ai justement un rendez-vous dans ce navire pour remettre mes traductions au chasseur ! Merci messieurs, à bientôt, peut-être !

     

    Oui… Le problème avec Guilda, comme vous l’aurez remarqué, c’est qu’elle est bien trop dans ses livres et qu’elle finit par en perdre la notion de réalité. Car Guilda n’avait toujours pas compris que le port était assiégé par des pirates, pour elle, les détonations et hurlements provenaient des festivités du retour d’Aranok. Dans sa précipitation, la jeune demoiselle accouru dehors en direction de son point de rendez-vous, laissant derrière elle, les pirates et pauvres citoyens bouche-bée…

     

    Dans une taverne quelconque, parce que oui, là, je m’en moque de vous donner les noms des bâtiments, ça ne sert à rien ! Des pirates se ramènent en chantant par les fenêtres de la taverne au grand désespoir du personnel de l’établissement. « Mais pourquoi donc entêtez-vous à entrer par les fenêtres alors que la porte est grande ouverte ? Bande de voyous !! » Hurla un gros homme qui devait être le patron de la taverne. A cela, les pirates rétorquèrent « Pourquoi toujours entrer par les portes ? », réplique qui consterna considérablement le pauvre homme L

    Chaises, tables, verres, personnes et tableaux furent jetés au sol par le carnage créé par les pirates qui semblaient chercher eux aussi quelques fûts de bière ou autres substances alcoolisées. Quand tout à coup, un chasseur à l’allure étrange s’interposa :

     

    -Kajura : Oyé ! Les raclures ! D’où est-ce que…

     

    Cet étrange chasseur, nommé Kajura, fut coupé dans son interposition en vomissant les 5 bouteilles de vin qu’il s’était enfilé avec son fidèle ami Evolvo. Les pirates observèrent la chute du curieux personnage dans sa triste tentative d’acte héroïque, puis continuèrent tranquillement (c’est ironique) leur pillage.

     

    Le chaos s’installa rapidement dans l’ensemble des rues, les pauvres citoyens étaient dans une peur atroce, ignorant complètement où se diriger, car les gardes eux-mêmes semblaient perdus par toute cette folie. Les pirates pillaient et saccageaient tout, désarmant les gardes, hommes et femmes qui tentaient, tant bien que mal, de défendre leurs biens. Toujours sur la digue, Etoile fut consterné par la catastrophe qui se déroulait face à lui. Il se sentait terriblement humilié par ce chaos dont il pensait en être le responsable. Chaque cri lui glaçait le sang, il tremblait de peur que les flammes ne se lèvent et ne dévorent le port tout entier. Mais inconsciemment, ses jambes se mirent à courir en direction des quais, il se précipita droit vers l’Arvantura, sans vraiment savoir pourquoi, comme si une force invisible avait pris possession de tout son corps. Longeant la digue, s’approchant de plus en plus du grand navire dur Roi des Océans, il avait l’impression que quelque chose de véritablement important était sur le point de s’accomplir, et ce quelque chose, c’était face à Arvantura que tout allait se dérouler…

     

    A peine une dizaine de minutes plus tard, le Roi des Océans en personne posa les pieds sur le quai, tête baissée, yeux recouverts par l’ombre du grand tricorne et la longue chevelure noire ténèbres, et avec un sourire sournois. Il était immense pour un homme. Carré, armé jusqu’aux dents, aux habits digne d’un roi aux vives et sombres couleurs, tout en fumant un énorme cigare. Chacun de ses pas sonna comme un coup de tambour qui se fit entendre au-dessus de la zizanie sonore qui accablait le port. Puis, il s’arrêta net. Levant lentement sa tête, il scrutait, tout aussi lentement, les alentours. Avec un court instant, il leva lentement son bras droit, fit un claquement de doigt, et un effroyable bruit hurla derrière lui. Rassurez-vous, il ne s’agissait pas de son canon surpuissant, mais un gigantesque gong placé sur son navire. La puissance sonore du gong frappa violemment le port tout entier et, comme par magie, un silence presque surnaturel lui répondit. La zizanie sonore dût aux pillages des pirates et de la panique des villageois s’était tût soudainement, comme par magie. Le chaos s’était éteint en un claquement de doigt. Tout être humain, animal, minéral, et végétal présent dans et alentour du port s’était agenouillé devant le titanesque Roi des Océans, le Roi de tous les pirates et aventuriers des mers et océans. Etoile ne pensait plus à rien, tétanisé par le prestige impérial que dégageait le grand homme, il le craignait et s’était, automatiquement, agenouillé à son écoute.

     

    -Ereth ! Ordonna le Roi des Océans.

     

    Rien d’humain, animal, végétal, minéral, ne lui répondit.

     

     -Ereth ! Ordonna le Roi des Océans.

     

    Rien d’humain, animal, végétal, minéral, ne lui répondit.

     

    -Ereth ! Ordonna sévèrement le Roi des Océans.

     

    Les humains tremblèrent de peur, les animaux se cachèrent, les végétaux se plièrent, les minéraux se fissurèrent.

     

    -Ereth m’a laissé sa couronne, Roi des Mers et Océans. Je suis Aranok. Roi des Chasseurs du Continent du NORD et, provisoirement, Roi des Femmes et Hommes de ce même Continent. Je suis à ton écoute. Répondit Aranok.

    -Ton prédécesseur a trahit le pacte signé avec son prédécesseur. Notre pillage n’est pas une offensive, juste la réclamation de notre dû. Mes hommes n’ont fait coulé aucune goutte de sang et brûlé aucune maison, ils ont pris or et provisions. Dit le Roi des océans.

    -Je le constate en effet. Répondit sobrement Aranok. As-tu eu ce dont tu es venu quérir ?

    -Non. Je demande l’homme qui prétend avoir tout découvert du monde et qui aurait dû être exécuté ce jour-même. Réclama le Roi des Océans.

    -Me voici. Fit sobrement Xzelkur, au coin d’une rue.

     

    Le sourire du Roi des Océans s’élargissait.

     

    -Attendez !! Attendez !! Hurla Guilda, sans se douter de l’imposante tension qui submergeait les lieux. Monsieur le chasseur, j’ai vos traductions !! Tenez, tenez !!

     

     Tout être humain, animal, minéral et végétal fut glacé de peur en étant témoin de l’absence de vigilance de la jeune demoiselle qui, malgré la panique qui régnait sur les lieux, avait un grand sourire face à Xzelkur. Mais cela ne dura point longtemps…

    Armes pointés, regards sombres et provocateurs, atmosphère glaciale, voiles noires et canons par centaines et centaines pointant le port… Petit à petit, tous ces facteurs montèrent jusqu’à la petite tête de Guilda qui commençait enfin à comprendre ce qu’il se déroulait vraiment.

     

    Un siège. Des pirates. Le port sous l’épée de Damoclès. Guilda devint plus rouge qu’une tomate en un très court instant.

     

    -Je… Vous laisse… Merci, messieurs… qui êtes si gentils… Bafouilla la jeune demoiselle, avant de courir à toute jambe le plus loin possible.

     

    Le Silence Impérial s’imposa à nouveau. Puis :

     

    -Etes-vous désormais prêt pour l’infinitude des Horizons ? Demanda alors le Roi des Océans.

    -Oui. Dit Xzelkur.

    -Je vous prie, alors, de rappeler vos hommes et de laisser le port en paix, s’il vous plait, Majesté des Océans. Demanda Aranok.

    -Soit. Voulez-vous signer le pacte à votre tour ? Fit le Roi des Océans.

    -Je connais ses détails. Je l’ai déjà signé lors d’un de mes voyages. « Ce que je possède, les Hommes des Mers le possède. ». S’exclama Aranok.

    -Nous sommes quitte. Conclu le Roi des Océans.

    -Nous sommes quitte. Conclu Aranok.

     

    Les pirates regagnèrent leurs navires et postes respectifs, et petit à petit, le port se vida de sa foule. Les ancres des navires commençaient à être remontées. Puis, Etoile s’interposa :

     

    -Xzelkur ! Fit le Haut Commandant.

    -Oui ? Cher rival ! Répondit le Chasseur Venu de la Mer.

    -Le temps que Tanzia se relève, n’essaie pas de m’oublier. La Marine se relèvera toujours. J’en serais son Haut-Général. Confirma Etoile.

    -Je t’attends déjà. Conclu Xzelkur.

    -Je te poursuis déjà. Conclu Etoile.

     

    Les Deux Mondes se séparèrent.

    Inaugurant ainsi une nouvelle Odyssée.

     

     


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